Samedi 29 décembre 2012
Par un beau samedi d'hiver,un groupe des Verts Terrils, s'engageait sur les chemins des crèches. Les radieux paysages de Provence étaient surmontés d'un petit chapeau de givre, sous un magnifique ciel azur lavé par un léger Mistral.
Un soleil aux rayons d'or, couleur de miel, dardait timidement encore
ses pointes vers les terres provençales saupoudrées de sucre glace.
Au fil des heures, le soleil s'élevait dans le ciel, et progressivement réchauffait l'espace, les demeures et les coeurs.
29 lurons, petits et grands, se retrouvaient à La Tour d'Aigues, pour conter Noël et ses crèches.
Première crèche toute automatisée, dans la belle crypte de l'église de la Tour.
Un mécanisme éléctrique un peu limé par le temps. Mais le talentueux et jeune curé de la paroisse, grâce à ses dons exceptionnels de mécanicien, nous offrait temporairement une scène enchantée, qui illuminait les visages heureux des adhérents.
Oh ,oui, elle était bien belle cette première crèche !
Puis c'était le départ pour Grambois.
Village perché, digne d'une vraie crèche, aux accents et couleurs du midi. Village ceinturé, où Madame de Sévigné et le Comte de Mirabeau avaient jadis séjourné.
Là, dans l'église sublimée, une originale crèche figurative trônait.
Tous les santons étaient le reflet des gens du village.
Visages expressifs taillés dans le respect, le détail et la méticulosité.
Superbe ! Le groupe s'enthousiasmait fortement.
Soudain une image me parvenait dans un silence quasi mystique !
Un songe envoyé de Dieu : des santons seraient parmi nous...
Les santons sont originaires d'Italie ! N'est ce pas ?
En italien, on dit au singulier : "il santono". Mais au pluriel : gli santoni !
Ah Dieu de bonté, depuis des années, au sein des Verts Terrils, "due Santoni cachés ou refoulés", s'activaient parmi nous, à la réussite de tous nos projets.
Et nous ne les avions jamais démasqués !!!
Santono Jean Claude est "lou Ravi" et Santono Michèle est "l'Archange Gabriel". Les Santoni ne nous avaient pas tout dit...
Ah, rendons leur hommage, et grâce à ma perspicacité les voici désormais ( et nous aussi un peu ) sanctifiés et béatifiés...
Puis, la caravane des crèches reprenait sa marche triomphante. Un court dépacement à travers le Grand Luberon, après avoir caressé tendrement les "Agasses" de Vitrolles en Luberon.
La famille des Verts Terrils prenait ensuite possession des ruelles étroites et enrubanées du Village du Castelet.
Un jeu de piste pour trouver des crèches mystérieuses et fantastiques, symbolisées par des étoiles filantes et magiques.
Les enfants criaient, les adultes riaient.
Crèches hors du temps et des principes. Crèches artistiques et surprenantes, fruits de la débrouille et de l'intelligence.
Une heure trente de parcours d'un autre temps. Un petit village médiéval surplombant un panorama alpin, d'un blanc satin.
A la croisée d'une ruelle ,soudain, une abeille naissait.
Les yeux couleur lavandin et auréolée d'une couronne de pain d'épices, elle bourdonnait avec ses belles ailes translucides et cristallines. Ses soeurs l'imitaient pour s'amuser ensuite avec des anges de papier.
Enfin midi s'imposait, et toquait les ventres affammés.
C'était l'heure de la picorée et tous s'engouffraient dans les voitures direction la Cafétéria d'Apt.
Dans la galerie marchande, la nuée verte disciplinée s'alignait, dans le vacarme des ventres qui gargouillaient.
Brusquement tout basculait. Un envoûtement céleste nous enveloppait.
Lou Ravi J. Claude criait, un bel enfant est né ! Un enfant divin est né !
Le ciel bleu se faisait noir. Des étoiles d'or et d'argent scintillaient.
La lune luisait. La galerie marchande laissait place à une bergerie. Une lueur douce et banche à la fleur de coton, traversait l'espace. Des personnages illustrant des santons, s'en venaient de partout. Nous étions devenus nous aussi, les acteurs de cette crèche vivante.
L'Archange Michèle pointait alors son doigt sur la scène éternelle. Un bel enfant brun au visage poupon et au ...slip vert s'agitait dans la paille fraîche arômatisée de lavande.
Joseph et Marie souriaient à l'enfant. L'âne Gérard et le boeuf Francis crachaient des bouffées de vapeur par leurs terribles naseaux.
Une grande clameur s'élevait dans l'obscurité scintillante. L'enfant Gillus était né !
"Il est né le divin enfant, chantons tous son avènement..Il est beau, il est charmant , c'est le divin enfant..."
La petite fermière Corinne, courait pieds nus dans la mousse, à la recherche de son gros boeuf égaré.
La Boumiane Véronique lorgnait sur la culotte verte de Gillus. Mais les angelots Lou, Pauline et sa soeur veillaient l'enfant divin.
Le bel Ali, le chamelier s'inclinait. Le roi Mage Baltazar Ghislain, présentait ses coffres précieux au noble enfant.
La Prieuse Marie-Claude récitait un Pater Noster!
Elisabeth dansait follement sur les blés pour les transformer en farine.
Annie pétrissait savoureusement le pain, le bon pain.
Amédée éclairait avec chaleur, le devant de la bergerie, grâce à son fanaou de mineur, alors qu'au loin montait dans le ciel, le tintamarre du petit tambour d'Antoine.
Françoise dormait contre les grosses racines d'un chêne centenaire et révait de randonnées étourdissantes.
Dame Brigitte tricottait des slips en laine verte, pendant que dame Geneviève filait la quenouille, se régalant des facéties de deux pétanqueuses ronchonnantes, Anne Marie et Monique.
Enfin, lou Pastre Milan, accompagné de son troupeau d'agnelles bêlantes, Marie, Sylvie et Martine, présentait ses voeux les plus respectueux.
Ensuite tout le petit monde reprenait en coeur : "il est né le divin enfant, il est beau, il est charmant..."
Ah ! Gloire à Dieu! Quelle belle image d'épinal. La crèche s'animait sous mes yeux qui roulaient de plaisir.
Avec Gillus une nouvelle ère commençait.
Puis un brouillard épais nous recouvrait de sa cape sombre. C'était le retour à la réalité.
Comme par magie, le rêve s'était éclipsé.
La file de la cafet' reprenait, et les gosiers se rassasiaient de canards, de poulets, de frites et de gratins dorés.
14h, après un bon café parfumé d'un zeste de chocolat Neslé, tout le petit monde des "Terribles" rejoignait le superbe village de Banon.
Dans la basse église du village, une crèche gigantesque de 200 santons illustrant les activités de la Haute Provence, prenait vie sous nos regards enfiévrés.
Les pétanqueurs, les fileuses, les bergers, le rabbassier, les tambourianires, les paysans... tous étaient représentés.
Ouah que c'était beau ! On aurait pu rester des heures à admirer ! On ne pouvait hélas tout détailler !
A la fin de la visite, c'était le dernier assaut. Les plus courageux se ruaient à Reillanne.
L'ultime crèche de cet admirable circuit, nous offrait les derniers émois de la journée !
Vivement le Noël de l'année 2013, et que le nom de Gillus soit sanctifié !
Adésias
A l'An que vén !
Bonne Année à tous !
Gilles.
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